Le Musée du gadjo : on y découvre la
« gadjologie », une science imaginaire et parodique de l’Autre qui se ferait l’écho d’une perception romani.
Cet espace se présente sous la forme d’un diorama consacré à la « culture gadji », révélant ainsi l’absurdité de l’essentialisation de l’Autre quand elle est poussée à son extrême. Gabi Jimenez questionne par ailleurs le rôle du musée d’ethnographie comme diffuseur d’une
« vérité ».
Bienvenue au musée du Gadjo, l’institution qui vous permet de comprendre la société des gadjé
de ses origines à aujourd’hui.
Notre vénérable institution, fondée en 1889, conserve plus de 150 000 objets : des collections archéologiques et anthropologiques réunies par les plus grands experts
de la gadjologie.
Les gadjé : qui sont-ils ?
Il faut d’abord comprendre que les gadjé ne se désignent pas eux-mêmes par l’appellation générique « gadjo » (masc. sing.), « gadji » (fém. sing.), « gadjé » (plur.). Le gadjo n’a pas le sentiment d’appartenir à une grande famille en tant qu’entité humaine singulière. Dans la majorité des cas, les membres d’une communauté gadji possèdent un nom pour se désigner eux-mêmes comme « Français », « Parisiens », « Marseillais », « chômeurs », « Portugais », « Américains », « Arabes », etc., et ils en utilisent un différent pour nommer les autres (« immigrés », « migrants », « réfugiés », « envahisseurs », « islamistes », « gauchistes »…).
La cohésion entre les communautés gadjé peut paraître complexe. Si nous prenons en compte la dispersion internationale des gadjé et les différences de langue, de mode d’habitat, d’enracinement et de religion, cette diversité culturelle et sociale gadji laisse penser que, pendant et depuis les migrations préhistoriques et antiques, les gadjé n’auraient pas suivi le même parcours en matière de développement sociétal et, par conséquent, ne se seraient pas rencontrés et n’auraient été influencés en aucune manière par d’autres cultures gadjé.
Or, selon de récentes études ethnographiques, anthropologiques et archéologiques, les populations gadjé semblent avoir subi des influences similaires et connu, selon les endroits où elles séjournaient et la durée de leurs migrations, les mêmes expériences historiques, sociales et culturelles. En effet, la réponse qu’apporte le gadjo contemporain dans la formulation de son existence, de son ascension sociale et de sa singularité est conditionnée par l’appartenance à ce socle de culture universel. Quelques divergences culturelles sont tout de même à prendre en considération : les gadjé inuits, les gadjé pygmées bakas, les chômeurs du Pas-de-Calais, ainsi que d’autres sous-ethnies gadjé, sont (re)devenus nomades en raison de facteurs socio-économiques et/ou alimentaires.
Le gadjo n’a pas conscience qu’il en est un.